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Choisir un photographe… Pas facile !

Votre projet nécessite une création photographique et vous hésitez à faire appel à un professionnel, vous en avez tellement entendu sur la question… « Appuyer sur un bouton, ce n’est quand même pas si sorcier ! ».

Bien définir ses besoins et ses attentes.

Les disciplines dans lesquelles les photographes sont appelés à intervenir sont particulièrement vastes… Et comme personne ne peut être excellent dans tous les domaines, la photographie aussi est affaire de spécialistes. Si vous avez un besoin particulier (il l’est forcément) : de la photographie aérienne ou sous-marine, du reportage de mariage, du pack-shot, de la photographie de peinture (repro), du portrait, etc., et que vous attendez un résultat précis, alors oui, envisagez sérieusement de collaborer avec un spécialiste, un photographe qui possède l’expérience et le style qui conviendront à votre projet.

Si votre priorité est de trouver un photographe « low cost », c’est que vous n’envisagez pas une collaboration récurrente ou sur le long terme avec ce professionnel. La seule qualité qui vaille à vos yeux, c’est son prix ! Si tel est votre attente (et nous ne vous jugeons pas), nous vous indiquerons plus loin quelque astuce pour parvenir efficacement à vos fins.

Aubin, mon fils adoré (Rennes). Quand l’émotion est là, le photographe doit être prêt, quelles que soient les conditions de lumières, sinon c’est perdu à jamais ! Photographie réalisée sur film au gélatino-bromure d’argent moyen-format (6×6). Mamiya C330F + 135mm f/4.5.

Chercher un photographe (via le web)

Votre objectif devrait être dans un premier temps de trouver un/des photographe(s) qui propose(nt) une « écriture » ou un style qui vous plaît et un savoir-faire qui conviennent à votre projet.

Chercher un photographe spécialiste sur internet n’est pas compliqué, il suffit de 3 mots clés à entrer dans un moteur de recherche : « photographe » + « nom de la spécialité recherchée » + « nom de votre ville ou de votre département ou de votre région ». Choisissez le nom d’une grande ville située à proximité du lieu où doit se dérouler votre projet/événement. Plus la spécialité recherchée est rare1 Pour un photographe de mariage vous n’aurez pas à chercher bien loin (votre ville), car l’offre est plus que saturé. plus vous devrez élargir votre zone géographique de recherche (département voire région) pour trouver la perle rare et vous donner un peu de choix aussi…

Fiez-vous à votre instinct et au besoin, si vous en ressentez la nécessité, prenez un avis éclairé auprès de personnes impliquées dans les arts plastiques (pas forcément photographe d’ailleurs).

Que regarder en premier ? Les photos bien entendu (nous y reviendrons plus bas) mais aussi l’aspect général du site web, car il en dit long sur la motivation du professionnel à bien faire son travail jusqu’au bout2Si la qualité des livrables est votre motivation première..

Une fois que vous avez trouvé 3 à 4 références de photographes qui ont un style qui vous séduit, nous vous conseillons de rencontrer en personne chacun des prestataires visés, car dans ce métier la relation client est capitale.

Le ou les rendez-vous ne se déroule(nt) pas obligatoirement dans un local dédié, un atelier studio en ville par exemple, car peu de nos confrères en disposent3Disposer d’un vrai studio photo en ville n’est plus accessible au commun des photographes. Pour notre part, nous avons la chance de bénéficier d’un programme de redynamisation du centre-ville d’Hyères financé par l’Europe qui nous a permis d’accéder à ce « luxe ». Sans cela, ce rêve nous aurait été difficile d’accès…, ils travaillent pour la majorité d’entre eux depuis leur domicile. Profitez de ce premier rendez-vous pour saisir la personnalité et les motivations de votre interlocuteur.

Faut-il privilégier un photographe qui exerce son activité à plein temps ? Sans trop nous avancer, nous pouvons affirmer que de nos jours la majorité écrasante des photographes déclarés exercent leur activité photographique comme complément de revenus d’une activité de salariée (qui les occupe tout le reste de la semaine). Si votre projet est la création d’une et une seule photographie de qualité pourquoi pas. Si le livrable attendu doit contenir plusieurs dizaines de photographies de très bonne qualité, quoiqu’ils vous affirment, ces photographes « intermittents » n’auront pas le temps matériel de traiter vos images comme il se doit, ni le temps d’ailleurs de se former régulièrement pour garder un niveau de prestation élevé.

Agriculteur, Pierrefeu-du-Var. Photographie réalisée sur film au gélatino-bromure d’argent moyen-format (6×6). Hasselblad 500 CM + Carl Zeiss Sonnar 150mm f/4.

Cerner la personnalité du photographe, c’est important aussi !

Dès qu’il y a obligation de résultat, et c’est le cas de la photographie professionnelle comme de tout autre secteur professionnel, la pratique de la photographie se corse vraiment, et dans des proportions difficiles à imaginer pour le néophyte ! En théorie cela devrait imposer une certaine humilité de la part du photographe devant votre demande… Un photographe qui tente de forcer une commande en employant le verbe haut doit vous alerter sur ses réelles compétences ! Les fortes personnalités ne manquent pas dans la profession4Pour beaucoup, c’est une question de survie et… d’orgueil mal placé, et vanter son travail de manière péremptoire sans avoir une réputation bien établie (c.-à-d. qui dépasse largement votre cercle de relations) est rarement bon signe… Ne vous laissez pas impressionner, comme toujours, les « forts en gueule » font toujours in fine, de mauvais professionnels.

Les points qui doivent vous interpeller s’ils sont mis en avant, car ils ne valorisent pas les qualités intrinsèques du photographe :

  • « Regardez comment mes photos sont très belles » ! Un photographe n’a pas à vous dire, sur un ton catégorique ou non, que ses photos sont belles ! C’est un privilège qui vous revient et c’est à vous et à vous seul, sans qu’il vous y invite, de dire (ou de ne rien dire) si ses photographies vous plaisent ou non.
  • « J’ai un super appareil ou un super matos qui fait de très belles photos » ! Peu ou prou, nous sommes tous équipés de la même façon… La différence ne se fait donc pas par le « super matos » mais bien par le savoir-faire, le style, la motivation du photographe…
  • « Je suis super passionné ou super sympa (ou les deux)… » Tiens donc, les autres photographes seraient des peaux d’vaches un brin « je m’en foutiste » ? Pas sûr que ce soit bon pour leur business…
Boudiou, qu’il a grandi ce petit……. Canon Eos 1N + 40mm f/2.8. Réalisée sur film au gélatino-bromure d’argent (Ilford Delta 400 poussée à 800 iso).

Le diable se cache dans les détails ! Où comment se faire une idée assez précise des savoir-faire en jeu ?

La lumière, le juge de paix ! Devant une situation à problème (assez courante au demeurant), que peut poser par exemple la lumière directe du soleil éclairant un couple de mariés à la sortie de leur cérémonie5Mairie + église = beaucoup de stress et un maquillage qui aura eu le plus grand mal à y résister, conséquence : la peau des visages brille…, il existe 3 types de photographes :

  1. Celui qui a conscience du problème et qui a des solutions à proposer ;
  2. Celui qui a conscience du problème et qui n’a pas d’autre solution à vous proposer que de le contourner quand c’est possible ;
  3. Celui qui n’a pas conscience du problème, mais qui a un super « matos » qui fait de super belles photos (et en plus il est hyper sympa) !

Passons le point 3 qui concerne la très grande majorité de l’immense famille des photographes low-cost…

Quel est ce problème ? La gestion des très hautes lumières (écrêtage).

La gestion de ce type de problème (hautes lumières surexposées que l’on appelle aussi : hautes lumières écrêtées6Dans le même registre, on peut écrêter les basses lumières aussi, les ombres si vous préférez.) impose des connaissances pointues tant à la prise de vues qu’en postproduction. La première d’entre elles est la capacité du photographe à repérer le problème le plus en amont possible afin de prendre la meilleure décision au bon moment. Il doit ensuite impérativement réaliser sa prise de vues dans un format de fichier professionnel (les fameux fichiers RAW) qui lui permettra par la suite d’affiner le résultat en postproduction (la retouche photo ou le développement du négatif numérique si vous préférez). Ne vous leurrez pas, cette façon de travailler est forcément chronophage et donc assez coûteuse, mais c’est la seule qui soit réellement professionnelle7Ce workflow est rarement le fait de photographes exerçant leur activité en complément d’une autre activité salariée à temps plein le reste de la semaine (pour ce qui concerne cet exemple). Nous pouvons vous l’assurer.

Le mariage de Laurence, fin juin à 15h à Hyères par une chaleur étouffante. Photographie réalisée sur film au gélatino-bromure d’argent moyen-format (6×6). Mamiya C220 + 80mm f/2.8.

Notez que ce problème d’écrêtage ne se pose pas en photographie argentique (négatif), car l’alliance du négatif et du scanner est redoutable d’efficacité dans la gestion des très hautes lumières (pour qui maîtrise ce flux de production bien entendu).

Comment ce problème se caractérise-t-il sur l’image ? Restons dans l’exemple de la photographie de mariage. Les mariages se déroulent en général aux beaux jours. Ici en Provence les beaux jours sont synonymes de « soleil de plomb et de chaleur écrasante ! ». Ajoutez à la chaleur, le stress bien compréhensible de la situation et immanquablement les visages des mariés se recouvrent à minima d’une fine couche de transpiration (même bien maquillés). Cette couche de transpiration ne manquera pas, régulièrement, et en fonction des conditions d’éclairement, de donner des points et des aplats brillants d’un blanc pur tout à fait disgracieux sur le front en particulier, mais pas seulement (le nez est aussi un très bon « candidat »). Ces taches blanchâtres se caractérisent le plus souvent par un contour net avec la partie du visage qui ne brille pas. C’est donc franchement visible. Il s’agit bien là de ce qu’on appelle un phénomène de lumières écrêtées, c.-à-d. de lumières sans relief ou « matière » et sans coloration parce que le photographe dépasse tout simplement à cet endroit précis du visage, les limites de surexposition supportées par son capteur numérique.
Dans une certaine mesure, ce problème peut être récupéré en postproduction à la condition expresse que le photographe enregistre ses images au format professionnel .RAW (expliqué plus haut) et que la surexposition reste toutefois modérée à cet endroit (si la prise de vues est faite au format jpeg, l’affaire est fichue car il n’existe plus aucun espoir de « rattrapage » en postproduction)… Notez qu’une conversion « hasardeuse » en noir et blanc d’un portrait comportant des hautes lumières écrêtées ne fait qu’aggraver le problème…

Il est possible de limiter l’apparition de hautes lumières écrêtées en sous-exposant légèrement la photo lors à la prise de vues, à la condition là aussi, qu’une postproduction musclée soit effectuée après photo par photo, sinon les visages clairs deviennent mats, les visages mats deviennent sombres, les peaux noires… et la robe de la mariée si elle est blanche, perd son tout éclat…

En quoi la maîtrise de la gestion des hautes lumières vous éclaire-t-elle dans votre recherche d’un photographe ?

Les photographes sont des communicants, ils savent camoufler leurs faiblesses pour mieux mettre en valeur leurs points forts et c’est bien naturel. Sauf qu’à un moment donné quand on cherche à vous faire prendre des vessies pour des lanternes, cela porte forcément préjudice à l’ensemble de la profession !

Restons sur la photographie de mariage et tirons-en un constat dans vos recherches d’un photographe professionnel spécialisé :

  • un photographe qui présente dans son book de nombreuses photos avec des zones écrêtées sur les visages éclairés par une lumière directe (ou non…) est certainement quelqu’un de très sympa et aussi équipé d’un matériel qui fait de très bonnes photos (c’est de l’ironie). En fait vous avez affaire à un photographe qui pratique son « art » en tant que professionnel occasionnellement aux beaux jours le samedi après-midi. Il n’a pas conscience du problème que posent les très hautes lumières. Et comme il « shoote » en .JPEG pour gagner du temps sur la post production parce qu’il n’a pas le temps de retravailler ses images en semaine, le résultat est un vrai jeu de massacre (à fuir si la qualité du livrable compte pour vous) ;
  • Un photographe qui présente dans son book (papier ou internet) des images presque toujours faites sans la lumière directe du soleil et seulement un très petit nombre de portraits réalisés sous la lumière directe du soleil doit vous alerter. Il a manifestement conscience du problème posé par les hautes lumières, mais il n’a pas à ce jour trouvé la solution pour le régler. Cela dit, vous avez déjà à faire à un professionnel averti. Important : Demandez à voir un reportage complet, réalisé dans les conditions lumineuses qui devraient être les vôtres lors de votre futur événement et observez bien si sa manière de gérer les hautes lumières vous convient ;
  • Vous avez compris que celui qui présente des photographies réalisées sous la lumière directe du soleil, en quantité, avec des hautes lumières très claires et nuancées, maîtrise son sujet.

Pourquoi ce papier au ton volontiers acidulé ?

Nous vous avouons, que nous sommes fatigués par tout ce qu’il se passe et tout ce qu’il se dit autour de la photographie professionnelle particulièrement quand cela sort de la bouche de « confrères » qui feraient mieux de se former et de se remettre en question plutôt que de parader (avec leur « extraordinaire » appareil photo autour du coup). Comme la grande majorité de nos confrères, même si nous ne le clamons pas à toutes les lignes, nous aimons profondément et sincèrement notre métier (que nous exerçons à temps plein depuis 1991).

Photo en attaque de l’article : Gente Dame « anonyme » costumée lors de fêtes médiévales à Pierrefeu-du-Var. Photographie réalisée sur film au gélatino-bromure d’argent moyen-format (6×6). Hasselblad 500 CM + Carl Zeiss Sonnar 150mm f/4.

Pour du low cost pensez plateformes web de mutualisation façon « bougez pas on va vous tirer les prix vers le bas ! » :

Comment trouver rapidement et facilement un photographe « low cost » ?
Rien de tel qu’une plateforme internet dédiée (nous ne citerons pas de nom pour ne pas leur faire de la pub en plus) ! Ces plateformes spécialisées autour de la photographie pour certaines et sur les métiers de la communication pour d’autres sont là avant tout, et c’est légitime, pour générer des revenus, pas pour aider telle ou telle profession (comme elles le revendiquent toutes, la main sur le cœur). Les revenus générés le sont tous le plus souvent, sur le même modèle économique : vendre coûte que coûte à l’internaute de passage, une prestation, peut importe laquelle ni avec quel professionnel, car elles se rémunèrent en partie sur commissions. Certaines plateformes fortement spécialisées (mariage au hasard), ne se gênent pas pour demander une participation très élevée aux professionnels inscrits. nous pouvons vous assurer qu’en tant que photographe, vous avez sacrément intérêt à vendre un maximum de reportages pour rentrer dans vos frais (premier coup de pression…).
Vous souhaitez obtenir des prix les plus bas possible ? Vous allez voir, c’est enfantin ! Sélectionnez sur l’une de ces plateformes un photographe qui propose un travail qui vous convienne dans une gamme de prix de 800 € pour un mariage, puis utilisez le formulaire pour lui demander un devis ! C’est tout ! La plateforme va s’occuper de faire baisser les prix en envoyant aussi votre demande à un ensemble de photographes (moins chers que celui que vous aurez retenu). C’est parfaitement « dégueulasse » pour le prestataire qui paie pour être présent sur la-dite plateforme, mais c’est comme ça qu’elles font baisser les prix. Avec les réponses en main, vous n’aurez plus qu’à en rajouter une louche en mettant les photographes sous pression par une mise en concurrence avec des enchères inversées… Sachez qu’ils sont beaucoup trop nombreux sur ces plateformes (ils le savent aussi) et qu’ils ont une participation élevée à récupérer, alors ils doivent vendre coûte que coûte… Vous allez être étonnés des gains obtenus, nous vous l’assurons ! Soyez convaincus qu’à la sortie vous allez avoir un photographe certes « pas cher » c’est sûr, mais pas motivé du tout aussi et c’est humain… Vous délivrera-t-il en échange une prestation simplement correcte ?

Un conseil : si vous n’avez vraiment pas d’autre choix que de faire des économies sur votre photographe de mariage, demandez à un(e) ami(e) de réaliser votre reportage s’il(elle) est convenablement équipé(e). Vous obtiendrez un livrable pas professionnel à la sortie, c’est sûr, mais au moins vous n’aurez rien payé et en plus vous aurez la garantie que votre reportage aura été fait avec attention. Ce sera toujours mieux que de payer quelqu’un de très sympa certes, mais qui au final n’aura rien à faire de votre commande.